Silo (Mario L. R. Cobos) |
Écrit par Luis Ammann (journaliste et écrivain) | |
Silo (surnom de Mario Rodriguez Cobos) n’a jamais voulu qu’une biographie le concernant ne dépasse la demi page. Nous dérogerons ici à sa volonté, en détaillant l’homme, son parcours et son œuvre qui aborde tous les sujets sauf lui-même. Un préalable pour comprendre l’homme et la diffusion de sa pensée : Silo est né en Argentine en 1938 ; il a 25 ans quand la dictature est au pouvoir. En 1999, dans un opuscule intitulé La Pensée de Silo, nous écrivions : « L'atmosphère de singularité qui entoure Silo ne provient pas de ses idées, qui - acceptables ou non - sont claires et relèvent d’un discours bien structuré. ![]() Les raisons du mystère et de l'ambiguïté qui l'entourent sont plutôt à chercher au travers de trois facteurs, dont deux lui sont étrangers : 1. l'état mental des dirigeants Argentins, civils et militaires ; 2. l'attitude des médias locaux. Le troisième facteur, qui incombe à Silo lui-même, est sa fâcheuse indépendance vis à vis des forces de pouvoir et l'exercice de sa liberté. Le dictateur Juan Carlos Ongania fut le premier à interdire et à diffamer Silo. Ensuite, ses persécuteurs les plus obstinés furent José Lopez Rega - responsable de la bande parapolicière « triple A » - et Ramon J. Camps - responsable de génocides. Ces personnages perçurent que le discours de Silo sur la « non violence » mettait en péril leurs intérêts et le système violent qu'ils défendaient. Ainsi, poursuivant leurs idées, ils menacèrent et commirent des attentats et des homicides contre les membres du Mouvement qui s’étaient regroupés spontanément autour des idées de Silo. Par ailleurs, Silo est un homme aux habitudes simples et austères, et qui reste loin du spectacle du pouvoir et de la publicité. Ce n'est pas un homme de « médias ». Il a simplement pensé, écrit et parlé sur tous les thèmes qui intéressent l'être humain, abordant ou pénétrant résolument le terrain de la psychologie, de la religion ou de la politique. Il a toujours encouragé la méthode de la « non violence » active pour le changement social et personnel. Ce faisant, il a mis en évidence la course aux intérêts de certains, remis « les ridicules » à leur place et a ignoré les dispensateurs de gloire. Cette attitude a généré d’autant plus irritation que Silo – sans le vouloir – est devenu un leader et un Guide Spirituel : une personne dont la conduite est inspiratrice, dont les idées emplissent une vacuité et donnent une direction claire pour un futur fondé sur les meilleures aspirations humaines. En synthèse, « Penser, avancer et transmettre » fut son comportement pragmatique. Mais, dans cette période historique, il était intolérable qu'une pensée originale - qui parcourt l'existence et l'expérience humaine - suscite l'adhésion de personnes si différentes ainsi que l’organisation de volontaires actifs en faveur de l’évolution. Dégrader ses propos, simplifier sa pensée, telle fut toujours l’intention sous-jacente des gens de pouvoir. Ce ne fut pas celle des académiciens russes qui, sans préjugés, lui accordèrent le titre de docteur honoris causa en 1993. » En 1981, la diffusion de son idéologie non-violente l'amena à donner des conférences dans différentes villes d'Europe, avec une incartade en Inde. Ce fut un véritable succès : Silo délivra son message devant des milliers de personnes réunies dans des salles , des stades couverts ou de grands espaces ouverts, comme la plage de Choupaty, à Bombay. C’est ainsi que fut connu ce qu'eux-mêmes appelèrent « le courant non-violent d'origine latino américaine ». Par la suite, ses conférences eurent lieu dans des universités, des centres culturels et sur la voie publique presque partout dans le monde, rencontrant une adhésion croissante et touchant désormais des millions de personnes dans 140 pays. Depuis 1999, Silo fait ses discours publics depuis Punta de Vacas, nom d’un sommet de montagne isolé au cœur de la cordière des Andes où il fut contraint de faire sa première harangue en 1969 devant 200 personnes. En trente ans, son audience a été multipliée par 200% : 4000 personnes en 1999. Depuis, elle augmente de manière exponentielle : 7000 personnes en 2005 et 10000 en 2007. En 2002, Silo présenta le Message, ouvrant ainsi une dimension spirituelle laquelle est sous-jacente à toute action non violente. Depuis, des Salles et des Parcs - espaces de méditation, d’étude et d'inspiration spirituelle - se sont développés dans le monde entier, sur les cinq continents : le Parc de Punta de Vacas, en Argentine, qui reçoit des visites permanentes et a été baptisé par la presse « la Sentinelle de la foi » ; en Argentine toujours, celui de La Reja et de Kohanoff ; le Parc de Manantiales au Chili ; la salle de Caucaïa au Brésil ; le Parc de Red Bluff aux Etats-Unis ; le Parc d' Attigliano, près de Rome en Italie et celui de Tolède en Espagne. Les Parcs en Asie et en Afrique sont en projet. Les références personnelles que donne Silo sont sommaires : outre son nom, sa date et son lieu de naissance, il précise être marié avec Ana Cremaschi, être père de Alejandro et Federico et résider dans un petit village. Il est écrivain et a abandonné en partie ses activités agricoles, depuis quelques années. Deux tomes de ses œuvres complètes ont également été édités. Ces ouvrages sont l’objet d’études approfondies de la part de jeunes contestataires, de la Nouvelle Gauche, d’Humanistes en grand nombre, d’écologistes, de pacifistes et de psychologues. Pour résumer, nous pourrions dire : Silo est l'idéologue d'un courant de pensée, le Nouvel Humanisme ou Humanisme Universel (ou Humanisme Siloïste, dénomination rejetée par Silo) ; il est le fondateur d’un mouvement politico- social non violent (le Mouvement Humaniste) et d’une expression spirituelle, le Message. |